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Affichage des articles associés au libellé montagne

Incohérences - Healthy

Lentement, l'automne s'installe. Même si le temps tarde à se rafraîchir, les jours raccourcissent et les mille et une teintes orangées subliment le paysage. Un à un, les moustiques, vampires de nos nuits, s'éloignent enfin. La rudesse de l'hiver approche, les joues rougies par le froid, l'air qui glace les narines. Quand vais-je abandonner le short lors de mon footing matinal ?  Lointain souvenir, nouvelle chimère, l'été, sa chaleur, ses soirées, ses rencontres, sa liberté et ses vagabondes étoiles se résume désormais à quelques photos sur mon disque dur. Tandis que le soleil se fait de plus en plus timide, je regrette ces journées au goût d'éternel, rythmant nos vies. Ces longues heures passées en randonnée, au pied des rochers, au coin du feu avec pour panorama cet astre de vie parcourant le ciel.  Même si le rythme est différent, que le monde entier ralentit, cette période semble davantage propice à la naissance de nouveaux objectifs, d'envies tenaces

Incohérences - Vital(e)

 Passive, devant l'écran, mes rêves se dessinent. Chaque année, c'est de plus en plus fort. Aspirée parmi les coeurs enthousiastes et serrées de milliers de coureurs entassés sur la ligne de départ, je retiens mon souffle, mes larmes. Sans trop savoir pourquoi.  Est-ce que j'aimerais être à leur place ? Oui.  Est-ce que je suis prête pour ce défi ? Non.  Pourtant, je connais si bien ces bouleversements émotionnels. L'angoisse mêlée à l'excitation. La peur de décevoir, de se décevoir.  La fierté d'être ici : le travail paye toujours. Je sais à quel point c'est fort, c'est différent de tous les enfièvrements habituels. Egoïste, intensément euphorisant. Tout n'est que paradoxes, j'en ai les étoiles plein les yeux. Le goût du défi, de la compétition, du partage, du dépassement de soi.  "Parfois, j'pourrais tout plaquer pour les sentiers". Utopique pensée qui m'effleure l'esprit. Irréalisme.  * * * C'est toujours pareil : dès

Le pont a été emporté par le torrent 3/3

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 C'est la fin de l'été. Rien n'a été réparé. Ni le pont, emporté par le torrent, rendant l'accès impossible à la bosse de la Clapouse. Ni les blessures du monde. D'ailleurs, je ne sais toujours pas si l'on a mis quelqu'un sur le projet.   Les jours s'enchaînent. Nos vies effilochées au gré du temps, toujours vainqueur, s'effacent peu à peu.  Orage, ô désespoir, la Tête de la Draye a disparu derrière les nuages. Trempés, certains rentrent de randonnée. Acceptant leur sort, ils ont arrêté de courir. Résignés, choisissant la saveur du présent, le mélange eaux de pluie/sueur à la mauvaise humeur, aux plaintes et aux râles.  De plus en plus fort, l'orage résonne dans les montagnes. Tout prend plus d'ampleur, plus de sens. Emotions décuplées.  Au-delà de l'hubris, tyranniquement il fait loi. Inspirante, sa grandeur surplombe tout. Pass sanitaire ? 5G ? Doutes ? Peu lui importe. Balayant les questionnements futiles, goutte après goutte, il nous

Le pont a été emporté par le torrent 2/3

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Déception en ce 5 juillet. Le pont a été emporté par le torrent, impossible d'aller à la bosse de la Clapouse.  Enterrée par le poids du temps, je tente de résister, de me battre parmi ces heures qui défilent plus vite que les secondes.  Des centaines de traversées, de regards et soudain, tout s'arrête.  Reviennent en moi une flopée de souvenirs. Passer devant pour la première fois avec la maman de Pierre sans réellement y prêter attention, le franchir avec ma mère pour aller dire bonjour aux marmottes. Et depuis, y passer tantôt seule tantôt accompagnée avec la même question qui demeure : "Est-ce qu'on peut aller à Vallouise depuis la bosse de la Clapouse ?" Dans le sablier du temps, les années s'écoulent m'offrant un regard lucide. Jadis bercée d'idéalisme, aujourd'hui tout change. Où est donc passé le Proxi ? Pourquoi le parking du Pré de Madame Carle est-il devenu payant ? Pourquoi ne peut-on plus faire de feux après 21h30 dans le camping ou en

Le pont a été emporté par le torrent 1/3

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Le pont a été emporté par le torrent, impossible d'aller à la bosse de la Clapouse. Fâcheuse découverte en ce 5 juillet. Sera-t-il réparé pour la saison ? Ses planches se sont-elles éparpillées dans les eaux vagabondes du Gyr agité ?  Tant pis, je continue ma route en direction du Sélé. Gourde dans une main tandis que l'autre est préoccupée à effleurer les plantes qui une à une apparaissent sur mon chemin. La nuit ne va pas tarder à tomber et contrairement à d'habitude, j'ai décidé d'abandonner ma frénétique lecture pour aller... je ne sais faire quoi. À vrai dire, j'erre sur ce chemin que je connais par coeur sans but si ce n'est d'être ici, dans cette nature généreuse.  Le temps n'a plus d'emprise. Cependant, après avoir croisé quelques randonneurs, je décide de rebrousser chemin. Morphée me tend les bras, autant en profiter.  Les nuits d'insomnies ont disparu, les questionnements semblent s'être évaporés. Ce soir, je réapprends à vivre

"Tu sais qu'un jour j'ai failli mourir"

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Et si pendant quelques minutes, on se plongeait dans un instant de vie partagé entre trois camarades de cordée ? Soulignons qu'ils ont tout de même gravi le col de l'Eychauda versant Le-Monêtier-les-Bains, une performance assez peu réalisée dans le monde de la randonnée...  Avec Jean-Luc et Ginette, les habitués de la montagne, il y avait Maurice, la cerise sur le gâteau pourrions-nous dire. Quelques mots suffisent à le définir : sac à dos de 18 kg sur le dos ou non, il avale les mètres de dénivelé à une vitesse non loin de faire frémir François D'Haene.  Avec son humour aussi intarissable que redondant, il est bien sympa le Maurice. Cependant, sur ce GR, il peut faire éprouver, même aux plus humanistes, un sentiment bizarre. Le même qui nous envahit lorsqu'à la salle d'escalade, un petit garçon de 10 ans enchaîne notre bloc de travail en un unique essai... Ou quand l'on regarde les vidéos d'Oriane Bertone.  Un mélange entre "waouh, c'est incroyable

Energie vagabonde

"La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste" - Victor Hugo  Lundi 30 août, 4h30  J'abdique après deux heures à batailler, à écouter les gourous du développement personnel, à essayer de comprendre "Pourquoi". Je n'arriverai pas à dormir. Méditation, musique, lecture, mise au plat de ces pensées qui tournent en boucle, liste d'objectifs, étirements... Rien n'y fait. Peut-être aurais-je dû essayer de compter les moutons ? Il y a dix minutes, lors d'une énième visite rendue aux toilettes, j'ai dansé sur "Could you be loved", comme s'il était dix heures du mat'. Là, j'ai compris un truc qui m'avait jusqu'alors échappé : on a le droit d'être heureux pendant une insomnie. Alors je prends la plume, la frontale et laisse les mots m'envahir. N'est-ce pas ce dont j'ai le plus envie ? Autant profiter de ces instants précieux où le monde est encore endormi.  Mon unique objectif ? Le lever du soleil

Se reconnecter

En rentrant de voyage, à la mélancolie de la fin de l’aventure s’ajoute un petit bonheur nouveau – celui de retrouver ces choses simples dont on s’était un peu lassés avant de partir. Le soleil de 14h qui arrive sur la terrasse, les fraises qui rougissent et la petite lecture du matin autour d’un bon thé.   Cependant, cela ne dure qu’un temps, quelques heures, quelques jours tout au plus. Aux petits émerveillements se substitue le vide, les questions existentielles, philosophiques même. Que vais-je faire de nouveau ?   Le voyage n’a pas transformé de angoisses passées, celle de mouvement permanent, de création et d’invention. Où voyager à nouveau ? Dans quel projet s’investir ?   Non, on ne peut pas rester là à regarder les oiseaux picorer les miettes de pain sur la terrasse. Après avoir tenté d’accepter ce vide, on comprend qu’il ne nous correspond pas. L’absence, c’est ce qu’il y a de pire.   Au bout de deux jours, tout devient insipide. La lenteur du quotidien, les médias, la vie so

Vagabonder

Alors que Quentin s’endort sur sa copie, madame Morille, bien plus compatissante qu’agacée, vient vers lui en essayant tant bien que mal de le motiver.   « Quand il a un coup de mou, faut s’obstiner, même sans raison. C’est comme ça », lui dit-elle. Cinq ans après, ce souvenir me poursuit encore. Face au commentaire de texte, j’avais plutôt choisi de plancher sur une question qui me tenait à cœur : « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? ».   Trois grandes parties. Trois sous-parties.   Quatre heures.   Gloups.   Pendant quelques secondes, j’ai délaissé ma copie de philosophie afin de rapidement griffonner sur mon brouillon cette phrase qui pour ma part, résonnait bien plus que toutes celles que notre professeure avait pu prononcer au cours du trimestre.   Quand il y a un coup de mou, faut s’obstiner, même sans raison. C’est comme ça.   Rétrospectivement, cette phrase me fut bien plus utile à flanc de montagne tandis que vissée sur une chaise, stylo à la main, mon esprit vagabonda

Myosotis

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Vendredi 22 août 2014...  23h.  Ce soir, je puise mes dernières sources d'énergie afin d'écrire. J'espère que mes yeux resteront ouverts jusqu'à la fin de mon récit.  Ecrire pour expulser les émotions qui me traversent, Ecrire pour partager, écrire pour ne pas sombrer.  Ecrire, surtout, par peur de l'oubli.  * * * Vais-je réussir à retranscrire les événements ? Vais-je être capable de faire ressentir ce que j'ai éprouvé pendant les heures précédentes qui s'enfuient déjà à toute vitesse vers le passé ?  Ca y est, je suis dans le torrent de l'écriture, les mots s'enchaînent, s'écoulent de mon crayon tandis que les musiques défilent dans mon iPod. Mais bon, je ne les entends plus vraiment... Envoûtée par la vie, emportée par des horizons inconnus, effrayants et désirables qui s'offrent à moi.   Au cours de cette fabuleuse journée, j'ai l'impression d'avoir changé. Certains auraient pu dire d'avoir grandi mais je laisse ces mots d

Une petite pause

Depuis que les volets sont électriques, le rituel prend moins de temps le soir. Tout est fermé en quelques secondes. Le temps de faire le tour de la maison, le temps d'appuyer sur les boutons. La domotique. Combien de temps faudra-t-il à mon père pour s'y résigner ?  pense-t-elle.  Combien de fois l'avait-elle vu fermer les volets ? Tous les jours pendant dix-huit ans. L'hiver, c'était de plus en plus tôt. L'été, il y avait ce goût d'éternel. Il faisait trop chaud, on laissait tout ouvert pour ne pas s'étouffer.  * * * Quelques années plus tard, ailleurs, on ferme toujours les volets. Pour quelques heures, on s'enferme dans un rassurant cocon. Il lui colle à la peau une impression agréable chargée de nostalgie - celle de retourner en enfance tout en étant pourtant bien loin du foyer familial. Les longs discours à table, l'odeur rassurante du rôti au four, les douces quenelles lyonnaises.  Loin de la Provence, c'est pourtant la même vie simple

We can do it - Rosie the Riveter (Norman Rockwell)

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 Au lieu d'aller faire la guerre, floués par un nationalisme croissant, par une peur grandissante - celle de perdre nos petits privilèges et au passage notre liberté gagnée par le dur labeur consistant à être nés dans un pays parmi les moins horribles - on pourrait refermer le cercle, non ?  Au lieu d'aller combattre un ennemi invisible - une idéologie, un virus - on pourrait être un peu plus égoïste. Sans forcément suivre la masse - cette fameuse doxa dont parlait ma professeure de philosophie avec passion sans pourtant en dissimuler son dégoût - tracer son propre chemin. Celui qui nous attire, celui qui nous effraie parce qu'il ne correspond à aucun préjugé mais aussi parce qu'il n'est approuvé que par quelques marginaux. Bien souvent, nous sommes freinés par les autres. Ce n'est pas de leur faute, c'est nous qui déraillons, qui choisissons la facilité de la boîte à excuses qu'ils nous ouvrent en grand...  * * * "Tu es vraiment sûre ? N'est-ce

La saveur de l'éphémère - "La persistance de la mémoire" Dali

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     Derrière des montagnes, le soleil s'enfonce. Les étoiles ne vont pas tarder à apparaître tandis que les derniers oiseaux discutent. Comme hier.  * * * Coupable de l'altération de nos souvenirs, de leur évaporation même, il nous file entre les doigts. On ne cesse de s'en plaindre parce que l'on a peur. Chaque seconde qui passe est une seconde de moins - quels que soit nos rêves. Il nous rappelle à notre finitude d'être humain.  Et si l'on arrêtait le temps - tragédie de notre condition terrestre ?  * * * Une fois arrivé à Ithaque, que fait Ulysse ? Après être revenus du toit du monde, que font Hillary et Tenzing ? Rêvent-ils de repartir ?  Avoir un ancrage, c'est rassurant mais n'oublions pas que la plupart du temps, la quiétude a pour compagne la cellule. Ce qu'il faut, c'est un bateau ou bien un camp de base sommaire, pas suffisamment confortable pour y rester longtemps.   Parce qu'à trop vouloir figer le temps, ne risquerions-nous pas

Identité remarquable - Souvenir

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 Les identités remarquables, les métaphores, les poésies à apprendre par coeur, le calcul mental sur l'ardoise, les fiches de lecture, les exposés... Même si ce merveilleux panachage a semblé parfois être un calvaire, on garde tous un souvenir heureux de cette période.  L'enfance. On en retient avant tout sa légèreté, son insouciance et ses heures passées à jouer dehors à la récréation ou en pleine nature. Au moment de notre vie où tout ce que l'on souhaite c'est d'être au contact de la nature, on nous enferme six heures par jour dans une salle de classe. C'est bien dommage !  Très tôt, l'école nous apprend la frustration. Une fois cette étape passée, elle nous fait découvrir l'exaltation quand les mots glissent tout seuls sous le stylo ou bien qu'un eurêka nous vient à l'esprit - une idée nouvelle, un lien entre deux éléments que l'on vient de créer, une belle phrase lue dans un livre.  L'information scolaire , célèbre photographie de Do

Dopée à l'émerveillement - Souvenirs

Your Top Songs 2017. Merci Spotify.  Des musiques qui passaient en boucle alors que je tournais sur le pan, guidée par un rêve. Mouvement après mouvement. À cette époque, dans ma playlist, les Beatles ne se résumaient qu'à Help ! Insouciante, 2017 fut l'année de l'énergie folle, désespérée. Maintenant que 2021 vient de glisser sur 2020, 2017 s'éloigne mais de mes souvenirs j'en tire désormais une grande leçon - oser.  Et si ensemble on reprenait notre courage à deux mains dans l'unique objectif de suivre à fond nos rêves ?  Et si cette fois-ci, nous ne délaissions pas cette partie de nous sur le bord de la route ?  Et si nous emportions dans notre sac à dos, nos émotions et nos mots ? Et si nous gardions tous cette part d'émerveillement intérieur ?  Cette année, je choisis la naïveté consciente. Une crédulité face aux expériences que la nature me propose, une capacité enfantine délaissée suite à cette volonté d'être adulte et sérieux ; celle qui jadis no

Le monde d'avant - Souvenirs

Est-ce l'arrivée soudaine de l'hiver ? Cette impression "qu'on n'a plus de saison" ? Cette privation de liberté qui demeure - même si on nous a rallongé la laisse ?  A quoi est due cette déprime collective ? Celle que l'on entrevoit en dessous du masque. Malgré cette magie de Noël qu'on nous rabâche chaque année, ces vitrines toutes plus décorées les unes que les autres, cette entêtante musique qui inonde les rues et cette injonction au bonheur - à la consommation surtout-, ce monde manque cruellement de joie. La vraie, celle qui fait jaillir avec la même force, inattendue et pure, le bouchon du champagne sur le lustre du salon.  Est-ce que ça a toujours été ainsi ? Ou bien est-ce moi qui brusquement décide d'enlever mes oeillères ? De regarder le monde en face, sans hypocrisie aucune ?  Heureusement que la circonférence du cercle s'est agrandie passant d'un à vingt kilomètres. Je peux ainsi retourner à l'essentiel. * * * Treize ans plu

Souvenirs - prologue

 Un besoin vibrant me poussa à saisir mon stylo, à m'y agripper fermement tandis que les mots jaillissaient seuls, guidés par une impulsion qui me semblait être extérieure. * * * De tous ces cahiers, de toutes ces feuilles volantes enfermées dans des pochettes plastifiées, il m'arrive de libérer leurs mots dégageant une légère mélancolie due à une soudaine nostalgie. Dans les moments de doute, lors de ces manques d'impulsion à exister, à créer, peu importe la beauté de ma calligraphie passée, il me reste les traces de ces glissements intempestifs du stylo sur les feuilles blanches. Ces ressourçantes phrases relatant des journées oubliées leur donnant un brin d'authenticité et de singularité font revenir à moi ces instants précieux que naïvement, je considérai comme insignifiants.  Je n'écrivis qu'à des moments clés de mon existence, frappée par des émotions intenses allant de l'immense joie à la plus profonde des tristesses que je ne pouvais pas garder en mo