Dopée à l'émerveillement - Souvenirs

Your Top Songs 2017. Merci Spotify. 

Des musiques qui passaient en boucle alors que je tournais sur le pan, guidée par un rêve. Mouvement après mouvement. À cette époque, dans ma playlist, les Beatles ne se résumaient qu'à Help !

Insouciante, 2017 fut l'année de l'énergie folle, désespérée. Maintenant que 2021 vient de glisser sur 2020, 2017 s'éloigne mais de mes souvenirs j'en tire désormais une grande leçon - oser. 

Et si ensemble on reprenait notre courage à deux mains dans l'unique objectif de suivre à fond nos rêves ? 

Et si cette fois-ci, nous ne délaissions pas cette partie de nous sur le bord de la route ? 

Et si nous emportions dans notre sac à dos, nos émotions et nos mots ?

Et si nous gardions tous cette part d'émerveillement intérieur ? 

Cette année, je choisis la naïveté consciente. Une crédulité face aux expériences que la nature me propose, une capacité enfantine délaissée suite à cette volonté d'être adulte et sérieux ; celle qui jadis nous permettant de percevoir profondément le monde tel qu'il est, avec toutes nos sensations. 

Et si on arrêtait d'être blasés ? 

Et si on mettait un frein à la prétention nous faisant croire que nous connaissons tout ? 

Et si on se laissait aspirer par l'expérience ?

L'arrivée à grand pas de 2021 m'a rappelée que tout s'envole bien plus vite qu'il ne nous en aura fallu pour créer. Ces petits morceaux de vie s'échappent sur le fil du temps, s'éloignent alors que nous progressons vers un futur inconnu, terrifiant. Parfois ces détails d'existence, on les oublie mais de temps en temps, ils reviennent à coup d'odeurs, de lectures et de sons. Irrattrapables, vraiment ? 

* * *

C'est rassurant de savoir que le ruisseau raisonnera encore et encore dans les montagnes, jusqu'à ma dernière expiration. Heureusement qu'autour de moi, ces forêts soit de chênes verts soit de mélèzes m'offrent un refuge inespéré. 

2017. L'exaltation dure bien souvent quelques secondes. Le reste du temps, on la cherche, on la regrette un peu trop tristement. 

Que reste-t-il quand les voies sont gravies ? Que les compétitions sont passées ? Que la camomille est bue sous un couvercle d'étoiles ? 

Passionnée par le mouvement, par le nouveau, par la dopamine. Avide d'instants fugaces, intenses, il m'est parfois difficile de vivre dans la lenteur. Mis à part le présent, le banal, de quoi se satisfaire ? Comment créer quelque chose d'inédit ? Mon esprit n'aime pas ce ralentissement. Tout ce qu'il m'offre alors n'est que mélancolie. 

Quand tout est terminé, je n'ai plus envie de bouger. Pour aller où ? Pour faire quoi ? C'est la descente, celle qui me terrifie bien que remplie de souvenirs heureux. 

* * *

2017. 

Une balade rapide pour aller chercher des brindilles. 

Toujours Ailefroide, toujours le petit pont de bois à traverser et les cliquetis sur les baudriers des grimpeurs qui partent en grande voie. Une vie guidée par l'arrivée du soleil, par son départ, par les randonnées, par les crapahutages au gré des blocs. 

"Du bois pour le feu" me disait ma mère tandis que pour la première fois depuis des mois, je n'avais plus vraiment envie de bouger. 

Quand les souvenirs s'éloignent, que leur saveur perd en intensité, il y a cette impression indéfectible, une émotion qui s'accroche à notre être. Une horrible impression de mourir. 

Une petite ascension avec des vieilles cordes pour aller au-dessus du camping, au sommet, et voilà qu'un peu d'adrénaline s'empare de moi. L'émerveillement d'un instant. Inattendu, inespéré. 

Un point de vue jamais expérimenté a nourri mon âme. Un souffle de vie inédit. L'impression que tout se dégage, que les possibilités de création sont infinies. Les oeillières de la mélancolie s'effacent alors pour laisser place à une morale simple - quand tout semble être vide, ralentir mais marcher quand même. 

Moustaki n'a-t-il pas raison quand il chante que "nous avons toute la mort pour nous reposer" ? 

* * *

C'est réconfortant de vivre ces petits moments qui rendent le quotidien moins brutal, moins terrifiant. Des instants imprévisibles qui surviennent chargés d'un exaltant bonheur. N'avons-nous tous pas besoin de ces histoires, de ces détours afin de mieux savoir qui l'on est ? 

Dopée à l'émerveillement. 

Au fil des mots, je retrouve l'utopie adolescente - celle qui nous fait croire que tout est possible, qu'avec nos petits bras, on peut tout changer. 

Mais comment envoyer valser les préjugés alors que nous en sommes nous-mêmes remplis ? Comment sauver le monde pendant que nous contribuons à sa destruction ? 

* * *

Pour 2021, tout ce que je vous souhaite c'est tout ce que je désire également. 

Ne méprisons plus jamais nos rêves, nos aspirations. 

Ne nous excusons plus de ne pas correspondre à la norme. 

Soyons adultes, soyons sérieux face aux problématiques du monde mais n'oublions pas cette capacité d'étonnement face à ses merveilles, ce "waouh" intérieur qui nous fait sentir tout petit entre les forces de la nature et qui nous aide à nous élever davantage. 

Même si on a vécu beaucoup d'expériences, gardons à l'esprit qu'il n'y a pas de normal, que rien n'est acquis. Qu'un sincère "waouh" intérieur face à un paysage, à une situation, à un sourire vaut beaucoup plus que ce qu'on croit. 

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