Le pont a été emporté par le torrent 3/3
C'est la fin de l'été. Rien n'a été réparé. Ni le pont, emporté par le torrent, rendant l'accès impossible à la bosse de la Clapouse. Ni les blessures du monde. D'ailleurs, je ne sais toujours pas si l'on a mis quelqu'un sur le projet. Les jours s'enchaînent. Nos vies effilochées au gré du temps, toujours vainqueur, s'effacent peu à peu.
Orage, ô désespoir, la Tête de la Draye a disparu derrière les nuages. Trempés, certains rentrent de randonnée. Acceptant leur sort, ils ont arrêté de courir. Résignés, choisissant la saveur du présent, le mélange eaux de pluie/sueur à la mauvaise humeur, aux plaintes et aux râles.
De plus en plus fort, l'orage résonne dans les montagnes. Tout prend plus d'ampleur, plus de sens. Emotions décuplées.
Au-delà de l'hubris, tyranniquement il fait loi. Inspirante, sa grandeur surplombe tout. Pass sanitaire ? 5G ? Doutes ? Peu lui importe. Balayant les questionnements futiles, goutte après goutte, il nous renvoie à l'essentiel, l'authentique. Au majestueux, pourrais-je même clamer.
Le bruit du tonnerre, la mélodie de l'eau tombant sur le toit du camion, s'écoulant sur le chemin, me transportent vers un monde jusqu'alors presque oublié. Frénétiquement j'écris un simple "Ici et maintenant", rythmé par une magie retrouvée.
1...
2...
3...
La foudre n'est pas loin.
* * *
Orage sonnant la fin août. Dans les montagnes, l'été tire sa révérence. J'emporte avec moi mille et un souvenirs. Ecrits, photographiés. Surtout vécus.
Aucune loi ne pourra m'empêcher d'aller à cette quête d'expérience, de rencontres. Encore moins l'état du monde.
* * *
Danser sous la pluie.
À la division, je choisis le lien.
À l'ordre, l'effervescence.
À l'angoisse, je choisis l'innocence.
À l'appréhension, l'enthousiasme.
À la souffrance, je choisis l'espoir.
À l'abattement, l'optimisme.
À la monotonie, je choisis l'épanouissement.
À l'uniforme, le singulier.
À l'arrachement des montagnes, haut et fort, je prononce "à bientôt"
Car je le sais, il reste tout à écrire.
"Et alors il s'est passé quelque chose, je me suis laissé aller dans un total oubli de moi-même, envahi par la nuit, le silence et la plénitude. J'avais trouvé la liberté. Perdre tout espoir, c'était cela la liberté" - Fight Club
Commentaires
Enregistrer un commentaire