We can do it - Rosie the Riveter (Norman Rockwell)

 Au lieu d'aller faire la guerre, floués par un nationalisme croissant, par une peur grandissante - celle de perdre nos petits privilèges et au passage notre liberté gagnée par le dur labeur consistant à être nés dans un pays parmi les moins horribles - on pourrait refermer le cercle, non ? 

Au lieu d'aller combattre un ennemi invisible - une idéologie, un virus - on pourrait être un peu plus égoïste. Sans forcément suivre la masse - cette fameuse doxa dont parlait ma professeure de philosophie avec passion sans pourtant en dissimuler son dégoût - tracer son propre chemin. Celui qui nous attire, celui qui nous effraie parce qu'il ne correspond à aucun préjugé mais aussi parce qu'il n'est approuvé que par quelques marginaux.

Bien souvent, nous sommes freinés par les autres. Ce n'est pas de leur faute, c'est nous qui déraillons, qui choisissons la facilité de la boîte à excuses qu'ils nous ouvrent en grand... 

* * *

"Tu es vraiment sûre ? N'est-ce pas trop risqué ?" 

"Tu veux travailler dans la traduction ? Sois prête à commencer à traduire des boîtes de dentifrice pendant des années avant de trouver un projet qui te tient à coeur". 

"Il pleut, tu ne vas pas y aller" (et les diverses alternatives : "il fait froid, tu vas tomber malade" ; "il fait trop chaud, ce n'est pas sérieux"). 

Ce sont les grandes personnes qui sont sérieuses et raisonnables, les adultes (ce mot me fait peur, trop de responsabilités). Et puis de toute façon, Descartes s'est trompé en séparant le corps et l'esprit. Comment être sûrs qu'il ne se soit pas trompé sur ce doux et limitant concept de "raison" ? Et si tout n'était pas binaire ?  

* * *

Et si on bravait le vent ? 

Je n'ai pas besoin de l'avis des autres pour savoir que je suis forte, que je suis indépendante. 

Aller s'entraîner sur les sentiers les jours de pluie tandis que les autres attendent les uniques jours de beau temps pour se balader. Entre 15 et 20 degrés, sinon il fait trop chaud. 

Ne pas attendre que les gens se réveillent et nous appellent. Mais trimer. Trimer avec pour seules compagnes les ombres de la nuit.

Et si l'on arrêtait la procrastination pour poursuivre à bras ouverts nos rêves et en accueillir de nouveaux qui nous tomberont dessus au passage ?  

* * *

Contrairement aux femmes durant la Seconde Guerre mondiale, personne ne m'a incitée à l'action. Encore moins la société patriarcale, la même qui les a poussées à se mettre au boulot mais pas trop longtemps. Pendant quatre ou cinq ans et après c'est fini, tu retournes faire la vaisselle madame. 

"We can do it", icône du féminine américaine. Bravo le Nouveau Monde !  

Désormais c'est Nike qui incite à l'action. Mais à quel mouvement ? Le sportif ? Ou bien celui qui nous conduit tantôt vers les magasins tantôt vers les sites internet pour consommer ? Le message est ambigu... Encore bravo les amerloques, elle est bien éduquée la jeunesse grâce à vous !

* * *

Malgré tous les contre-exemples, même si Norman Rockwell m'a fait découvrir la ségrégation avant le féminisme, je reste convaincue du pouvoir d'aller au combat. Le personnel, celui pour lequel tu te retrousses les manches, celui que tu n'es même pas sûre de gagner. Mais tant pis. L'important c'est d'être mue par un espoir, c'est ce qui aide à aller explorer derrière le haut mur des préjugés. 



Mais une fois au sommet, que reste-t-il ? Mis à part une compréhension un peu plus claire des choses, un beau paysage de la situation ? 

Est-ce que les choses ont changé ? Ou bien le bouleversement n'a-t-il eu lieu uniquement en nous ? 

Et dans la société, elles sont où les évolutions ? Ils sont où les progrès ? Ne sont-ils pas que des jolis concepts exprimés sur des plateaux de télévisions ou des jolis mots écrits dans des articles ? 

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