Identité remarquable - Souvenir
Les identités remarquables, les métaphores, les poésies à apprendre par coeur, le calcul mental sur l'ardoise, les fiches de lecture, les exposés... Même si ce merveilleux panachage a semblé parfois être un calvaire, on garde tous un souvenir heureux de cette période.
L'enfance.
On en retient avant tout sa légèreté, son insouciance et ses heures passées à jouer dehors à la récréation ou en pleine nature. Au moment de notre vie où tout ce que l'on souhaite c'est d'être au contact de la nature, on nous enferme six heures par jour dans une salle de classe. C'est bien dommage !
Très tôt, l'école nous apprend la frustration. Une fois cette étape passée, elle nous fait découvrir l'exaltation quand les mots glissent tout seuls sous le stylo ou bien qu'un eurêka nous vient à l'esprit - une idée nouvelle, un lien entre deux éléments que l'on vient de créer, une belle phrase lue dans un livre.
L'information scolaire, célèbre photographie de Doisneau représente en partie les attitudes que j'ai pu adopter à l'école primaire. Souvent, je tentais de mettre au clair mes connaissances en fixant le plafond. Mais la plupart du temps, je regardais à travers les vitres les arbres bousculés par le vent et nos tas de feuilles balayés par de fortes rafales.
Quelques années plus tard, au collège, j'ai commencé à rêver de montagne. Au lycée, elles m'ont envoûtées rendant les platanes de l'enfance ennuyants. Heureusement pour moi, je trouvais toujours un petit caillou que je serrais très fort entre mes doigts pendant les longs cours de latin et de philosophie.
Mes secrets, mes idéaux et mes rêves étaient ainsi cachés entre mes doigts, à l'abri des regards et des remarques indiscrètes. Ca m'aidait à tenir le coup - surtout à la rentrée des classes ou en revenant de week-end. Quand j'avais la ferme impression que ma place n'était pas là, je me projetais au pied des falaises, à aspirer les sourires et le vent, à respirer sans aucune difficulté, à vivre sans aucune pression, à être heureuse sans même l'avoir cherché. Pouf ! Le bonheur me tombait dessus sans trop savoir pourquoi, sans trop comprendre comment.
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Plus tard, tandis que je me perdais parmi les dédales du système et de l'université, je m'imaginais vagabonder sur les sentiers. Grâce à cela, j'ai pu traverser les périodes de solitude, d'ennui et de doutes sans trop de secousses dans ce grand chaos qu'est l'adolescence.
Encore maintenant, je me raccroche à cela. À la route des vacances, aux sommets, aux aventures que je projette. Mais avant tout, je garde à l'esprit la montagne sacrée où tout est décuplé - la beauté, les émotions, les rêves - et où rien ne semble avoir de limites.
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À travers l'école de la vie, j'ai appris à comprendre avant de juger hâtivement, à vivre de nouvelles expériences pour vibrer. Encore plus fort.
Autour des connaissances ou d'un bloc, on m'y a enseigné des valeurs dont j'espère ne jamais me séparer. Grandir, c'est bien. Ensemble, c'est mieux.
À travers les mots, les sentiers, les montagnes et les vallées j'y ai appris la fuite, vagabondant alors vers un univers nouveau, idéalisé parfois mais qui ne nous déçoit jamais.
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À grands coups de métaphores, j'ai pris la vie en pleine face, étant ainsi éduquée à savourer l'éblouissant, le remarquable. Peu importe que soit en salle de classe, sur les rochers ou au gré des sentiers, ma sensibilité s'est accrue me frappant parfois avec violence. Les mots et les cailloux foulés ont avant tout forgé mon identité et ma réceptivité à une saveur nouvelle - celle de la liberté. Mon désir de cet opium chargé en idéaux et en utopie ne cesse de s'amplifier depuis.
Les montagnes et l'école m'ont rendue autonome. Libre de choisir mon mode de vie, de construire mon avenir. Elles m'ont offert de l'aisance à mes ambitions. Tout en gardant les pieds sur terre, je me demande s'ils sont assez fous, mes rêves ?
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