Se reconnecter
En rentrant de voyage, à la mélancolie de la fin de l’aventure s’ajoute un petit bonheur nouveau – celui de retrouver ces choses simples dont on s’était un peu lassés avant de partir. Le soleil de 14h qui arrive sur la terrasse, les fraises qui rougissent et la petite lecture du matin autour d’un bon thé.
Cependant, cela ne dure qu’un temps, quelques heures, quelques jours tout au plus. Aux petits émerveillements se substitue le vide, les questions existentielles, philosophiques même. Que vais-je faire de nouveau ?
Le voyage n’a pas transformé de angoisses passées, celle de mouvement permanent, de création et d’invention. Où voyager à nouveau ? Dans quel projet s’investir ?
Non, on ne peut pas rester là à regarder les oiseaux picorer les miettes de pain sur la terrasse. Après avoir tenté d’accepter ce vide, on comprend qu’il ne nous correspond pas. L’absence, c’est ce qu’il y a de pire.
Au bout de deux jours, tout devient insipide. La lenteur du quotidien, les médias, la vie sociétale, celle à laquelle on a l’impression de ne pas pouvoir échapper.
Et le besoin arrive à grand pas. Le besoin d’une future fuite. C’est ce qui nous maintient en vie après tout. La fuite. La fuite d’un monde dans lequel on peine à trouver sa place. La fuite permanente vers les sommets, les champs de fleurs et vers cette vie que l’on a tendance à trop idéaliser. Mais pourtant, qu’est-ce qu’on s’y sent bien !
Il faut se réadapter au monde, aux gens, aux bruits, aux masques, à l’angoisse retrouvée. Les anciennes questions reviennent, tentent d’effacer les souvenirs de ces vagabondages passés. Au questionnement Où se trouve le prochain point d’eau se substitue désormais l’interrogation Suis-je assez bien ?
Et que dire de ces doutes où l’incohérence entre nos idéaux et nos actions ne cesse de nous poursuivre ? Le prix de liberté, de l’indépendance, n’est-ce pas la peur qui nous colle à la peau ? Celle de ne pas coller à ce qu’on nous propose ? Celle de se tromper ? Celle de ne pas être heureux si l’on se mettait à abandonner cette valeur si chère à nos yeux ?
Heureusement qu’il y a les pensées que l’on a couché sur le papier pendant ces longues nuits de bivouac qui nous à faire face à cette impression bizarre, celle de devoir se réadapter au monde.
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