Incohérences - Healthy

Lentement, l'automne s'installe. Même si le temps tarde à se rafraîchir, les jours raccourcissent et les mille et une teintes orangées subliment le paysage. Un à un, les moustiques, vampires de nos nuits, s'éloignent enfin. La rudesse de l'hiver approche, les joues rougies par le froid, l'air qui glace les narines. Quand vais-je abandonner le short lors de mon footing matinal ? 

Lointain souvenir, nouvelle chimère, l'été, sa chaleur, ses soirées, ses rencontres, sa liberté et ses vagabondes étoiles se résume désormais à quelques photos sur mon disque dur. Tandis que le soleil se fait de plus en plus timide, je regrette ces journées au goût d'éternel, rythmant nos vies. Ces longues heures passées en randonnée, au pied des rochers, au coin du feu avec pour panorama cet astre de vie parcourant le ciel. 

Même si le rythme est différent, que le monde entier ralentit, cette période semble davantage propice à la naissance de nouveaux objectifs, d'envies tenaces qui ne cessent de se renforcer (bonjour le GR5). 

À 5h du matin, les envols sur les sentiers ont laissé place à des départs nouveaux avec pour objectif les tours de l'Esplanade sans avoir la chance d'admirer le lever du soleil, encore enfoui dans les méandres de la nuit. Bye bye les myrtilles et les framboises, bienvenues les clémentines. 

Quant aux glaces Magnum, il faudra attendre l'année prochaine.  Témoin de l'enfance, elles m'accompagnent au coeur de l'été. L'hiver venant, j'ai du mal à les abandonner. Associés à elle, des dizaines de souvenirs. Devant Bones, elles étaient sacrées avant de devenir, pendant quelques étranges années, bannies, punies dans le réfrigérateur. Désormais, à Ailefroide, elles sont devenues mon goûter préféré. Tant pis si, là-bas, elles coûtent trois fois plus cher. D'habitude c'est le genre de produit que je fuis, contre lequel je milite : un marketing sensoriel avec le film au cinéma, pas bio, ultra-transformées. Leurs valeurs nutritionnelles sont effrayantes, tout comme leurs ingrédients. Pour les avoir étudiées de près, je les connais par coeur, à la calorie près. Pourtant, impossible de m'en passer. 

Après avoir retourné la question mille et une fois dans mon esprit, j'ai décidé que ce n'était plus un problème. Même si ça ne correspond pas à la personne que je veux être sur le plan éthique, j'enlève de mon esprit "il ne faut pas", "je ne dois pas". Tout simplement parce que c'est bon, c'est bon d'avoir un peu d'incohérences, c'est bon de ne pas correspondre à un modèle préétabli. Quand je déguste un à un les morceaux de chocolat avant de me délecter de la glace vanille, je décide que le happy prendra le dessus sur le healthy

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