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Parenthèses

J'ai arrêté d'alimenter ce blog il y a plusieurs semaines déjà.  J’en avais perdu l’envie, je crois. La publication hebdomadaire était devenue asservissante. Écrire avec une deadline, ça fout la pression. Je préfère m’emparer du stylo – ou de l’ordinateur, peu importe si le folklore en prend un coup – avec frénésie. Sentir que les mots m’échappent. Qu’ils me transportent aussi.   Je veux écrire avec mes tripes.  Écouter ces émotions qui me poussent à l’insomnie.  Prendre le temps de les coucher sur du papier.  Pour mieux les comprendre, peut-être.  Mais surtout pour les partager.    J’écoute en boucle « Chase » de Giorgio Moroder. Sans trop savoir pourquoi. C’est un titre des années 70. J’aime bien les musiques de cette époque. J’ai l’impression qu’elles dégagent quelque chose. Une forme de mélancolie heureuse. Comme si l’on s’était réconciliés avec un passé un peu sombre, que l’on avait accepté ses imperfections. Et surtout compris qu’elles faisaient notre force. S’en dégage u

THE END (for now)

Envol nébuleux.  Tout était dit dans le titre : le désir de m'envoler. Je crois que ça y est, c'est fait. Même si le chemin reste long.  Je ne serai plus au rendez-vous chaque samedi à 17h02. Mais peut-être que je reviendrais avec des mots d'ici quelques semaines. Quelques mois. Je n'en sais rien.  L'avenir seul nous le dira.  291 articles. J'aurais pu pousser jusqu'à 300. Pour le chiffre.  Mais quand le coeur n'y est plus, rien ne sert de forcer le destin.  L'étoile continue de filer. 

Je n'ai plus de cadre

Je n’ai pas envie d’écrire pour Envol Nébuleux ce matin, le réservoir est vide. Je viens de retrouver l’amour des mots, loin des carcans journalistiques. J’y ai mis toute mon énergie. Et ça fait du bien.  Mais cela fait trop longtemps que je n’ai pas publié d’article sur ce blog. Parfois, je me dis que je ferai bien d’arrêter, que c’est bon, la routine de l’écriture, je l’ai acquise. Je n’y arrive pourtant pas, trop attachée à ce brin de passé que je ne cesse d’avoir envie de consoler.  J’ai couru 44 kilomètres dans les Cévennes ce week-end. Une frénésie créatrice s’est depuis emparée de moi.  Je n’ai plus de cadre.  Je prends des notes à tout bout de champ.  Je fais du montage à toute heure.  J’écris durant chacun de mes temps libres.  Et n’arrive plus à apprécier le moindre divertissement.  Je suis tout de même effrayée par cet absence de structure. Nul besoin de to-do list quotidienne pour avancer. Il faudrait peut-être même me freiner.  Vivement le retour sur les sent

Bouffer le monde

 Je n'avais pas prévu de publier de texte aujourd'hui.  Après (presque) six ans de régularité, à quoi bon écrire sur ce blog, me suis-je interrogée à chaque fois que je repoussai la tâche "Texte" dans mon calendrier, au profit de la création de visuels pour Altitudes, cette semaine. Là, il est 3h39. Et je réalise que je me suis fourvoyée. Car écrire n'est pas "une tâche". Preuve en est : je m'y attelle ce matin (cette nuit ?).  J'ai encore des tonnes de livres qui attendent d'être lus dans ma bibliothèque. Et des centaines de podcasts qui patientent dans ma liste Spotify.  Mais non, presque six après, je retourne sur ce blog.  Par fidélité, peut-être.  Par amour des mots surtout. Cette semaine, je n'ai pas beaucoup de choses à raconter. Car mis à part pour mes deux séances de course à pied, je n'ai pas mis le nez dehors. Etrange. Et pas très bon pour ma santé mentale, je le sais bien.  Je n'ai pourtant pas chômé. Ai écrit l'av

Has been

Taylor Swift vient d’avoir un 4e Grammy Awards, “l’équivalent d’un Oscar pour le monde de la musique” précisait France Info ce matin.  Ça vaut le coup d’écouter non ? Hélas, mis à part “Shake It Off” (qui date de 2014 !), je ne connais rien de l’artiste. Suis-je has been ?  Même le mot has been est has been . Putain. Je viens alors de faire un petit rattrapage express, via les cinq morceaux de Taylor Swift les plus écoutés sur Spofity. Résultat ? Je n’en connais aucun. Les titres ne me disent rien. Idem pour les mélodies.  Je repense alors à une discussion avec Christophe. À la falaise. Début octobre. Alors qu’il faisait trop encore chaud pour songer à performer - ce qui nous allait très bien. Mieux vaut grimper à l’aise dans du 6b en tee-shirt que d’avoir une collante dingue, conséquence d’un froid glacial, pour aller dans les 7b et plus. Il était du même avis que moi. Bon, je m’égare.  Christophe, j’aime bien dire que c’est, tout comme Béa, un petit vieux de l’EHPAD. Il n’

"Je ne sais pas où je suis, mais je sais où je vais"

- Tu penses que l'on peut monter à deux sur ces vélos ?  - Pas sûre.  - On essaie quand-même.  C'est ainsi qu'en ce mercredi de novembre, je me suis retrouvée, à vingt-deux heures et des poussières, accrochée à Victoire pour ne pas tomber du Velob'. Une décision pas très intelligente - à pied on serait presque allées plus vite. Mais qu'est-ce que c'était drôle de prolonger ce moment d'escalade jusqu'à la place Bellecour. - J'ai l'impression qu'on va mourir. - J'ai mal aux jambes. Pourquoi on n'a pas pris un vélo électrique ? À quelques centaines de mètres de la place Bellecour, j'ai laissé Victoire reprendre la route. Valait mieux abdiquer au vu de la situation.  Rentrer seule en métro était nettement moins fun, je vous l'assure.  Dès le lendemain, je prendrai un abonnement Velob'. 15€ par an, ça vaut le coup.  * * * Janvier 2024. Deux mois et un surmenage plus tard, j'ai trouvé l'équilibre. En redéfinissant ma not

50 pompes et une douche froide

L’histoire est belle. Elle marque presque le début de l’aventure. Me permet de ne jamais oublier d’où je viens.   Septembre 2014. Salle des fêtes de Collias.  Je ne me souviens plus ce que l’on fait ici, c’est la première fois. Un truc d’adultes surement. Aux petits fours et grands discours, nous préférons, avec les copains de l’escalade, le jardin. C’est l’été indien, du moins c’est que mon cerveau a décidé de garder en mémoire. On est encore en tee-shirt, il y a peut-être une slackline entre deux arbres. Ou pas.    Ce dont je suis certaine, c’est que nous avons encore avec nous cette énergie de l’été. « Grimper », voilà le seul mot que l’on a sur les lèvres. Au bout de la langue, j’ai « écrire », mais c’est encore un peu timide.    Je viens de grandir. Bien que je ne le sache pas encore. Grâce aux montagnes, à cet écrin de liberté.    Au milieu de ce jardin municipal trône un arbre, qui semble plus solide que les autres. Pierre est déjà pendu à l’une de ses branches. Il enchaîne les

De l'art d'avancer sans bonnes résolutions

Qui dit nouvelle année dit nouvelles résolutions. Et les gens prennent cela très au sérieux. On l'a vu avec Victoire quand nous sommes allées grimper à Gerland. Un jeudi, de 20h30 à 22h30, il n'y aura personne, c'est certain , avions-nous naïvement cru.  Résultat ? La salle était bondée. Des dizaines et des dizaines de baudriers étaient suspendus dans les voies. Si bien que trouver une corde de libre relevait presque de l'exploit.  - Je ne suis pas à l'aise, il a trop d'humains ici.  - Vivement la fin du mois de janvier, qu'ils aient finit avec leurs bonnes résolutions à la con.  Les bonnes résolutions sont aussi sur les lèvres des collègues de l'école de journalisme. Moins d'écran, moins de fast food, plus de sport. Il faut que je m'y mette. Cette année, c'est la bonne.  Encore des phrases lancées en l'air, des espoirs vains qu'ils n'atteindront jamais.  Parce qu'ils n'ont pas envie de se faire mal.  Parce qu'ils son

L'année 2023 en 99 souvenirs

Janvier - Couper la frontale - et admirer les étoiles en courant (je le ferai souvent) - Pleine Lune qui éclaire le Pont du Gard à 7 heures du matin - Recevoir les encouragements de Michel et Véro par message - Rencontre avec Flore Vasseur à l'Hôtellerie Provençale - Caro qui me déleste de ma corde sur la route de Seynes. À vélo - Single dans la descente après le mont Bouquet avec Guillaume et Julien Février - Courir sur la place Bellecour à l'aube - Flâner à la brocante avec Michel et Véro - Froid aux joues à vélo, le matin, le lever de soleil Mars - Lire dans le train avec de la musique - Muffin de la victoire après les reportages à Lyon - Rencontre avec la fromagère à Saint Agathe-en-Donzy - Arriver chez Caro avec l'impression d'être à la maison Avril - Féliciter au hasard un monsieur qui a sorti un bloc à la salle - Prendre le temps de découvrir la sérigraphie sur la manif - Trouver l'oeuf d'or par hasard, à l'école - Ecouter un podcast avec Nicolas Math

Je ne peux pas, je suis en surmenage

Lundi.  Je n’ai pas réussi à rentrer à l’école. Et c’est l’une des plus belles choses qui ait pu m’arriver. Parce que ce qui s’en est suivi a été riche. L’aurait-il autant été sans ce refus d’obstacle ? Je n’en suis pas certaine.    J’ai refusé l’exemplarité pour la santé mentale. Un grand pas. Je n’en ai franchement pas eu le choix. Impossible de tirer la lourde porte de l’école de journalisme. J’étais pourtant devant, mais je ne pouvais pas rentrer. Mon corps me l’interdisait. Il était incapable de répondre à l’injonction lancée par ma raison. Au milieu de tout cela, cette boule au ventre.  Encore une interminable semaine, comment je vais faire ? D’habitude, c’est simple, je découpe tout en étapes. La matinée, l’heure à venir. Mais je n’y parvenais pas.   Avec une impulsivité qui me ne correspond guère, je me suis à nouveau engouffrée dans la rame de métro.  Il faut que j’aille chercher mes affaires. Prendre un train. Rentrer. Me poser.   À la gare, les pensées se bousculent. Mais to

Faut-il démonter la cabane des enfants ?

« Ça y est, on va mettre la maison en vente ».  Je n’ai pas mon mot à dire. Il n’empêche que ma première réaction est la révolte.  Vous ne pouvez pas faire ça, c’est impossible. Retournons le sablier, remontons le temps. Ou mettons-le sur pause.    Sur pause, c’est bien ça aussi.    À cette vivacité protectrice   s’est substituée une forme de mélancolie, teintée de nostalgie.     Parce que ce n’est pas n’importe quelle maison qui va être mise en vente. C’est celle de l’avenue Charles De Gaulle à Connaux.    Je suis passée devant pendant années sans remarquer ses volets bleus, sans être frappée par son étrange devanture métallique, « La Winstub »… jusqu’au moment où les autocollants « Altissimo » et « The North Face » sur le camion garé devant la maison ont attiré mon attention.  Il doit y avoir des grimpeurs ici. Des grimpeurs à Connaux ? Bizarre.   Ma curiosité n’est pas allée plus loin. C’est alors que la chance est entrée en scène.    La chance de ma vie.   En bus après le lycée, ou

Lettre à moi-même (30 ans)

Chère Coralie,   Ca y est, tu as trente ans.  Trente ans.  La nouvelle décennie mérite l’écriture en lettre. Tu n’es pas d’accord ?  Trente ans, putain. C’est bizarre à écrire. Voilà une bonne chose de faite. Tu le vis comment ? Pas trop mal j’espère, ce n’est qu’un chiffre après tout.  C’est la gamine de (presque) 25 ans qui t’écrit. À la veille de ce quart de siècle, j’en suis presque à me dire que je pourrais mourir. Loin de moi toute tendance suicidaire. C’est juste que je suis satisfaite de la vie que je viens de créer. Allez, j’ose même dire que j’en suis fière. J’ai fait cet été le 57 kilomètres du trail des Ecrins, je suis sur le point d’obtenir mon master de journalisme, je cours, je grimpe, j’écris (c’est un travail !)… Seule ou à plusieurs.  Qu’en est-il de ton côté ?  Après des années à vouloir pimenter ma vie, j’ai désormais compris que ce à quoi j’aspirais, au fond, c’était à la pigmenter. Il est vrai que parfois que l’un ne va pas sans l’autre. Alors voilà, j

Lettre à moi-même (16 ans)

  Chère Coralie,  Tu as de l’ambition, bravo. Que c’est beau d’avoir seize ans ! Bon, tu ne t’en rends certainement pas compte parce que tu trouves que tout chiant, lent et monotone. Mais aie confiance, les belles choses vont arriver.  Je voulais profiter d’avoir une boîte de souvenirs un peu plus remplie que la tienne, sans compter mes neuf années de plus (et donc de quelques expériences supplémentaires), pour t’écrire ces mots.  Brisons la glace d’entrée : je ne veux pas te donner de leçons. Je sais bien que tu ne souhaites pas en recevoir. Alors histoire de prendre un peu d’avance, voici ce qu’à 25 ans, tu vas (peut-être) regretter.  Tu mets beaucoup de choses en œuvre pour accomplir tes rêves. Tu n’en parles guère. D’ailleurs, tu ne te rends même pas compte de toute l’énergie que tu déploies au quotidien. Mais je sais que pour toi, c’est la norme. “Celles et ceux qui veulent réussir à tout prix n’agissent-ils pas ainsi ?” as-tu envie, je pense, de me rétorquer.  Pas vraiment, pourr