"Je ne sais pas où je suis, mais je sais où je vais"
- Tu penses que l'on peut monter à deux sur ces vélos ?
- Pas sûre.
- On essaie quand-même.
C'est ainsi qu'en ce mercredi de novembre, je me suis retrouvée, à vingt-deux heures et des poussières, accrochée à Victoire pour ne pas tomber du Velob'. Une décision pas très intelligente - à pied on serait presque allées plus vite. Mais qu'est-ce que c'était drôle de prolonger ce moment d'escalade jusqu'à la place Bellecour.
- J'ai l'impression qu'on va mourir.
- J'ai mal aux jambes. Pourquoi on n'a pas pris un vélo électrique ?
À quelques centaines de mètres de la place Bellecour, j'ai laissé Victoire reprendre la route. Valait mieux abdiquer au vu de la situation.
Rentrer seule en métro était nettement moins fun, je vous l'assure.
Dès le lendemain, je prendrai un abonnement Velob'. 15€ par an, ça vaut le coup.
* * *
Janvier 2024. Deux mois et un surmenage plus tard, j'ai trouvé l'équilibre. En redéfinissant ma notion de réussite.
Je ne veux plus rien sacrifier. Peu importe le nombre de papiers publiés par jour. Peu importe si je déçois. Peu importe si l'on me juge. J'aspire à la liberté. Avec un grand L.
C'est pourquoi je risque de dire "non merci" aux cinq semaines de congés payés par an, au CDI et à toutes ces conneries. Parler de montagne le cul vissé toute la journée sur une chaise pendant dix heures par jour ? Travailler comme un chien pour faire fructifier le capital d'autrui ? Pas pour moi.
Les rêves n'attendent pas.
J'ai failli tomber dans cet écueil. Mais les copines m'ont rattrapées, en rappelant qui j'étais. La gamine qui aime jouer dehors, grimper, raconter des histoires et mettre des humains en valeur.
Pardon les copines de ne pas avoir pris quelques minutes à répondre à vos appels.
Pardon d'avoir été emportée dans cette "course contre le temps" dont parle si bien Aznavour.
Merci de m'avoir ramenée à l'équilibre, que vous semblez bien mieux connaître que moi.
Ce soir, dans les rues d'un Lyon désert, sur mon vélo qui couine un peu je suis heureuse. Peut-être parce que j'ai grimpé. Derrière moi, il y a Victoire. Elle va à la gare, moi dans le 6e. Elle a un GPS dans la main. Moi j'essaie de me repérer au feeling.
- Je ne sais pas où je suis, mais je sais où je vais.
- Wouah, c'est beau Coco.
- JE NE SAIS PAS OÙ JE SUIS, MAIS JE SAIS OÙ JE VAIS. C'est sur cette phrase que l'on se quitte. On se retrouve en février, dis-je, consciente d'être toujours assez nulle en adieux. Je suis mon instinct, celui qui me dit de continuer tout droit.
Heureusement, j'ai un bon sens de l'orientation.
Je ne sais pas où je suis, mais je sais où je vais : par là-bas.
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