Une petite pause
Depuis que les volets sont électriques, le rituel prend moins de temps le soir. Tout est fermé en quelques secondes. Le temps de faire le tour de la maison, le temps d'appuyer sur les boutons. La domotique. Combien de temps faudra-t-il à mon père pour s'y résigner ? pense-t-elle. Combien de fois l'avait-elle vu fermer les volets ? Tous les jours pendant dix-huit ans. L'hiver, c'était de plus en plus tôt. L'été, il y avait ce goût d'éternel. Il faisait trop chaud, on laissait tout ouvert pour ne pas s'étouffer. * * * Quelques années plus tard, ailleurs, on ferme toujours les volets. Pour quelques heures, on s'enferme dans un rassurant cocon. Il lui colle à la peau une impression agréable chargée de nostalgie - celle de retourner en enfance tout en étant pourtant bien loin du foyer familial. Les longs discours à table, l'odeur rassurante du rôti au four, les douces quenelles lyonnaises. Loin de la Provence, c'est pourtant la même vie simple