Le chemin de la nature
Le soleil tape contre la vitre de l'appartement nourrissant ainsi mes longues journées d'études qui peuvent davantage s'éterniser car tant qu'il ne fait nuit, il n'est pas trop tard. Le printemps est là et porte avec lui le goût de l'infini, l'espoir et l'envie de créer sans cesse.
Alors sans trop savoir où cela ne me mènera, j'écris. Parfois en anglais, parfois en français. Aujourd'hui, j'ai décidé de mettre de côté certaines règles absurdes, d'oublier mon frénétique désir de productivité. À quoi cela peut-il bien servir de vouloir aller toujours plus vite ? Même si j'ai bien appris mes classiques, j'ai tendance à oublier La Fontaine. La tortue gagne toujours à la fin. Peut-être est-ce parce qu'elle se concentre sur chaque mouvement, lui donne du sens et apprend en chemin à observer le vent qui fait danser les feuilles. Peut-être aussi, qu'en faisait cela, elle s'épuise moins.
Le repas s'achève. Loin de moi l'envie de me visser à nouveau devant un écran pendant des heures. J'ai besoin d'une pause, d'un retour aux origines.
Ni une ni deux, voilà que je me retrouve par magie baskets aux pieds, skateboard en main. Dans le but de sortir de ma zone de confort, je me fixe une seule règle "Ne pas avoir de destination". C'est peut-être facile pour la plupart des gens mais moi, c'est un truc qui me stresse un peu. Où va-t-on ? Combien de temps cela va-t-il me prendre ? Et peut-être le plus angoissant, vais-je achever ma to-do list ? Encore un truc que les Amerloques m'ont mis dans le crâne, histoire d'être productif mais surtout de bien culpabiliser si on ne l'est pas.
Dans l'axe de mes roues, aucune embuche. Et puis tant pis, j'ai appris à être secouée par les bosses, les trous, les plaques d'égout, par les imprévus de la vie.
Après quelques centaines de mètres de glisse, c'est sur les sentiers de la nature que je vais errer, skateboard à la main. Je tourne à gauche, navigue parmi les genêts. Le décor est planté.
Avec pour unique guide, le printemps, les saveurs nouvelles qui s'étaient en réalité simplement endormies pendant ces longs mois d'hiver et le soleil qui réchauffe ma peau, c'est parti, je m'enfonce dans l'inconnu.
Quelques minutes durant, j'oublie tout, je fais tomber l'écorce protectrice, les règles d'or qui ont fait de ma vie un enfer. Je lâche tout, même le rien, même le néant, même les peurs pour suivre un seul mouvement. Celui de ma nature.
Enivrante impression de n'être qu'un bourgeon, qu'une fleur de cerisier qui ne demande qu'a éclore.
Le soleil est là, toutes les réponses sont en moi. Sans pour autant tomber dans un égoïsme et un cynisme néfastes, bien que solides refuges, je décide d'être libre. Au-delà du mot, ressentir pleinement ce sentiment nouveau qui s'empare de moi. Je n'écoute plus personne. Quant aux limites et aux interdits, je les refuse. Même ceux que je m'impose inconsciemment, je les identifie, je les détruis. Adieu les chaînes, adieu les pensées aliénantes.
Je n'ai aucune conscience de l'heure lorsque j'arrive dans la boulangerie pour acheter le pain ni même du temps qui s'est écoulé lorsque je me retrouve devant mon clavier.
L'après-midi s'écoule et lorsque j'écris ces mots, je comprends peu à peu que je ne suis plus alignée, que mes arêtes ne sont plus tranchantes. Je ne suis le symétrique de personne. Peu à peu, j'efface les parenthèses un peu trop nombreuses imposées à mon individualité. Ma vie n'est pas géométrie. Rien n'est parfait, tout est beau.
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