Incohérences - Une vie (presque) sans pass sanitaire
- Vous avez des symptômes ?
- Non, j'en ai juste besoin pour le travail. Par contre, tout le monde me dit que ça fait mal. C'est vrai ?
- Vous ressentirez une petite gêne, rien de plus. Vous voulez le résultat par texto ?
- Oui très bien.
Pas très rassurée, je me tiens devant le pharmacien. "Je suis libre", pensais-je mi-juillet. Aujourd'hui, après deux mois sans pass sanitaire, je n'en sais rien. Ce qui me rassure surtout, c'est que j'ai enfin pu répondre à la fameuse question : "Ne suis-je pas trop extrême ?". Réponse : non, sinon je ne serai pas là, dans cette pièce étrangement hostile avec un homme que je viens de rencontrer, carte Vitale périmée à la main. Entre liberté et sécurité, je n'ai pas choisi.
Et si être autonome, ce n'était pas dire "non" ? Sans non plus se résigner à un banal "je fais avec", j'oscille entre les deux camps, en dehors de la guerre. À plus de 20 ans, j'ai laissé l'insurrection de côté. Le vrai combat n'est pas le vaccin ni même cette dilution démocratique que nous ressentons avec ou plus moins de force. Sans prise de conscience écologique, le problème ne cessera de se reproduire. Armes à terre, j'essaie, moi aussi de ralentir. Mais là n'est pas le sujet, j'y reviendrai mais pas aujourd'hui. Vous l'aurez compris, pour le moment, je suis préoccupée par mon test antigénique.
Etrange impression ce prélèvement, autant physique que morale. Dans 3 jours, je n'aurai plus de pass sanitaire. Ai-je envie d'en profiter à fond ? Pas vraiment.
Peu importe les lois, leurs proclamations ne m'empêcheront pas de savourer les plaisirs de la vie. Surfer, lire encore et encore, écrire jusqu'à satiété et vivre jusqu'à plus soif. Un plat à emporter dégusté sur les rochers fouettés par l'eau, je prends du recul sur le monde. Egoïstement, je navigue quotidiennement de passions en passions dans le torrent de la vie, sans QR code.
Guère besoin de pass sanitaire pour savourer l'expérience, cette forme de consommation choisie et non subie, celle qui fait grandir.
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