À nos souvenirs musicaux - "Si ta vie est tracée, dévie"

 Une chanson, un instant de vie. Catalysatrice d'émotions transcendantes, fondatrices. Par peur de les oublier, les coucher sur le papier...

 Si ta vie est tracée, dévie. Prends des routes incertaines, trouve des soleils nouveaux.


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Avril 2018.

Je viens de relever un nouveau challenge, et ça fait du bien. Surtout en ce moment. 

Sans savoir que trois plus tard, ce défi Uzès/Gaujac à vélo ne sera qu'une formalité, j'en apprécie pleinement la saveur. Les cheveux au vent, le visage fouetté par l'air frais d'un timide d'après-midi, j'appuie énergétiquement sur les pédales. 

Le Pin. Descente pleine balle de la colline. Une première. Joie, exaltation. Fierté même. Des émotions perdues reviennent avec force vers moi. Et si, cette fois-ci, je les faisais durer longtemps ? 

Brûle tes poumons dans les torpeurs enivrantes
Hume les fleurs, leur senteur navrantes. 

En pleine bataille de nouveaux démons, j'ai dû mal à demeurer positive. Est-ce la douleur de cet avenir, à mes yeux tout tracé, qui s'efface ? Ou bien l'absence de perspectives futures ? La confiance évanouie ? La légèreté envolée ? L'effroi de la reproduction sociale ? L'éloignement des montagnes ? Cette fichue blessure au coude qui m'empêche d'aller vers mes rêves de performances et d'exploration ? Cette immense fatigue qui me cloue au lit ? 

Ecris la vie, entre les lignes, fuis l'ennui des villes livides si ton coeur lui-aussi s'abîme. 

Pendant quelques minutes, musique à fond dans les oreilles, je plonge dans l'abandon. 

J'oublie que je suis là uniquement pour brûler le surplus calorique de ce matin, d'hier soir, des dernières semaines... 
J'oublie que l'avenir est flou, que la probabilité de finir caissière à Carrefour est très forte. Pardon mais j'avais d'autres aspirations - avant de découvrir Bourdieu, sociologue qui m'a fait retomber sur Terre, mettant fin à mes rêves brutalement. 
J'oublie mon impuissance, mon inaction. Ouais j'ai envie de tout plaquer. Le problème ? Je ne sais pas où aller, qui je suis et encore moins quoi faire. 

Au milieu de tout cela, où est ma place ? Ai-je fait les bons choix ? 

À plus de 30km/h, c'est comme si je perdais le contrôle sur ma vie, ma destinée. Et ça fait du bien, je retrouve un truc incroyable, un élan, une légèreté... ma capacité à savourer la vie, l'instant présent. 

M'échapper de ce bagne, trouver un sens à tout ça. J'vais rallumer la flamme, recommencer le combat, affuter ma lame, me replonger en moi. 

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