L'histoire des enfants
Dimanche 9 juillet, 22h39. Lyon.
L’insomnie me guette. Comme après chacun de mes départs de la montagne. Peut-être parce que chacune de mes visites là-bas, sur les sommets ou dans la vallée, me bouleverse, me fait grandir. Et pour vivre ça, je l’affirme désormais avec certitude : il n’y a pas d’âge.
Me colle également à la peau un désagréable sentiment d’étrangeté. Pourquoi suis-je ici, seule dans cette chambre d’hôtel, entourée par ces centaines d’immeubles, à la hauteur vertigineuse pourtant bien plus petites des altitudes alpines qui rythment ma vie ?
Je n’aime pas les fins. Surtout ces aurevoirs qui ressemblent bien trop souvent à des adieux. Pour remédier à cette mélancolie, je m’accroche à l’action. Aux cinquante pompes et à la douche froide de demain matin qui n’aura hélas pas lieu dans les eaux glacées de la Clarée.
Viennent alors à moi des mots que je m’empresse de coucher sur le papier, par peur de l’oubli certainement.
Je vous ai promis une histoire, la voici.
***
Névache, Hautes-Alpes.
Après une longue journée sur la route, les enfants arrivent au camping. Reste alors à installer la tente. Ce qui prend un peu plus de temps que prévu. Dix minutes annoncées sur la notice, quarante-quatre en réalité ! Mais peu importe car ça y est, la grande cabane est en place.
Il y a Léo, la seule fille du groupe, qui sait faire danser ses sourcils comme personne. Elle aime aussi confier des secrets. On aimerait bien savoir ce qu’elle raconte à l’oreille des gens. Au vu de son air sérieux, ça a l’air important.
Un de ses frères, c’est Armand, le scientifique sans cesse à la recherche de trésors, qu’il s’agisse de trouver des quartz, des petits vers ou des criquets. Avec Swan, l’aîné qui se distingue, entre autres, par sa capacité à raconter les histoires, comme celle de « Naïs au pays des loups », et par ses aptitudes en bilboquet, ils forment une belle paire. Surtout quand il faut faire des tractions et aller se baigner dans les eaux froides de la Clarée.
Et enfin, le plus petit, c’est Youri, cinq ans seulement. C’est le clown de la bande, sauf quand c'est le moment de tout donner pour réussir à faire une traction. Là, avec ses grands yeux écarquillés, il est concentré comme jamais.
À la montagne, les journées s’enchaînent rapidement entre les randonnées à la découverte des cascades et des lacs, la rencontre avec la mésange à tête noire nichant avec ses petits au-dessus des éviers à vaisselle, les soirées Lego, jeux de cartes ou histoires de Claude Ponti. Sans oublier les nuits bien fraîches.
Un matin, vers sept heures, quelques yeux observent Guillaume et Coralie depuis la fenêtre de la grande tente. Mais que peuvent-ils bien faire à cette heure-ci ? Des pompes dans l’herbe mouillée par la rosée du matin, bien-sûr ! Peut-être trotte déjà dans la tête des enfants l’idée de les rejoindre.
Ce qu’ils feront le lendemain.
Jeudi. 7h27.
Le zip de la tente résonne dans le camping encore endormi. Sortent alors les trois garçons, déterminés à faire 50 pompes avec Guillaume et Coralie, devenus coachs à leur insu. L’exercice est effectué sur les genoux, un bon début avant de passer, dans quelques mois c’est certain, sur de « vraies » pompes.
À peine le temps de souffler, les voilà qu’ils proposent à Coralie d’aller courir. Dix minutes feront l’affaire. Un bon début, surtout pour Léo et Youri, les plus petits qui se prêtent facilement au jeu.
Ils enchaînent ensuite sur une baignade dans la rivière, à côté du pont. Pas facile à cette heure matinale ! Naissent alors de nouveaux défis dans cette eau glacée. Le plus difficile ? Mettre la tête sous l’eau.
Et ils ne s’arrêtent pas là ! Le soir, les enfants sont motivés par une séance de poutre, un outil d’entraînement pour les grimpeurs. Au programme : des tractions, en passant le menton au-dessus de la barre pour que ce soit validé. Chacun donne le meilleur de lui-même, c’est beau. Leur motivation est contagieuse. Les voisins du camping sont étonnés par ces petits très déterminés à battre leurs records personnels. Dans la vallée de Névache, leurs encouragements retentissent.
Ça mérite bien une part de tarte aux myrtilles non ?
À l’heure où j’écris ces lignes, la tente n’est pas encore pliée. Mais la suite est pour moi évidente : continuer dans cette belle énergie.
Alors… À très vite pour de nouvelles aventures !
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